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LA FIN DU RÉGIME AL ASSAD


Le Maroc a réagi à la chute du régime de Bachar Al Assad via notre MAE-CA-MRE Nasser Bourita : « Le Maroc a toujours œuvré pour les réformes et la stabilisation, pour la souveraineté et l’unité de la Syrie, et pour ce qui répond aux aspirations du peuple », a affirmé le ministre. Le Maroc espère que ces récents développements en Syrie apporteront la stabilité, répondront aux aspirations du peuple syrien et offriront un avenir meilleur au pays et plaider pour la souveraineté nationale et l’unité syriennes ».


Les relations entre le Maroc et la Syrie ont été historiquement tumultueuses à cause du soutien du clan Al Assad au séparatisme au Royaume.


En 2011, alors que la révolution du printemps arabe s’emparait de plusieurs pays du Moyen-Orient, la Syrie a connu le pire des scénarios, poussant des millions de Syriens à fuir le pays de la guerre lancée par le régime de Bachar Al Assad pour se maintenir au pouvoir.


A cette date, le Maroc a soutenu le peuple syrien et a organisé fin 2021 une conférence des « amis du peuple syrien » en soutien à l’opposition syrienne. La même année, Rabat fermait son ambassade à Damas et demandait la fermeture de la représentation syrienne au Maroc.

Rabat est resté droit dans ses bottes et a maintenu ses positions soutenant le peuple syrien.


Les relations entre le régime syrien et le Maroc ont été marquées par des tensions depuis la prise de pouvoir de la famille Al Assad qui était marquée par le courant anti monarchique dans les pays arabes.


Ainsi, toute une politique d’hostilité a été mise en place contre le Maroc depuis les années 70, notamment en soutenant financièrement les étudiants de gauche, en leur offrant des bourses d’études en Syrie, ou encore en soutenant le Polisario.


La Syrie a été le deuxième pays arabe à reconnaître la ‘République arabe sahraouie démocratique (RASD)’ en avril 1980 et depuis, les contacts entre Damas et la milice séparatiste ne se sont jamais arrêtés, allant jusqu’à voir des combattants du Polisario envoyés pour soutenir le bain de sang de Bachar Al Assad contre le peuple syrien.


Les contacts se sont poursuivis, jusqu’à récemment. En octobre 2023, l’ambassadeur syrien en Suisse a reçu un membre du Polisario à Genève. En juin dernier, le Polisario a organisé grâce au soutien du régime de Bachar, une conférence en marge d’une réunion de partis arabes soutenant la Palestine dans la capitale libanaise. Lors de l’offensive des rebelles et de l’opposition syrienne menée ces derniers jours, des membres du Polisario ont été capturés.


Les relations entre le Maroc et la Syrie d’Al Assad auraient pu s’améliorer au regard des efforts consentis par le Royaume pour protéger la stabilité de la Syrie malgré toutes les attaques encaissées.


Lors du règne de feu SM le roi Hassan II, l’ancien vice-président de Hafez Al Assad, qui a également été ministre des Affaires étrangères, Abdel Halim Khaddam, s’était rendu au Maroc en 1972 et était revenu marqué, surpris par la disposition de Rabat à envoyer des troupes pour soutenir le Syrie dans sa guerre contre Israël.


« L’image que nous avions du Roi Hassan II était effrayante, celle d’un Roi dur, mais après m’être entretenu avec lui, j'ai trouvé un homme moderne et profond, montrant une forte émotion envers la Syrie et désireux de la soutenir », avait-il déclaré plus tard, admettant avoir combattu Hassan II « jour et nuit ».


Quid du régime algérien ?


Ces récents bouleversements au Levant, marqués par la chute brutale du régime de Bachar al-Assad, offrent une leçon lourde de sens pour l’Algérie, devenue isolée dans la région.


En Algérie, les symptômes de ce mal profond se manifestent également. Le pouvoir y demeure concentré entre les mains d’un appareil militaro-politique opaque depuis 1962, où les vraies décisions échappent à tout contrôle civil. La mémoire des manifestations de 2019-2022, menées par le mouvement de contestation pacifique qui exigeait des réformes profondes, résonne aujourd’hui comme un écho des prémices de la révolution syrienne. Bien que la violence ait été étranglée cet élan jusqu’à présent, la persistance de l’immobilisme politique en Algérie pourrait mener à des dénouements similaires.


L’expérience syrienne rappelle que l’autosuffisance politique n’est qu’un leurre face à l’aspiration irrépressible des peuples à la liberté et à la justice. Le soutien que Bachar al-Assad a longtemps trouvé auprès de puissances étrangères telles que la Russie et l’Iran n’a fait que retarder l’inévitable, tout en alourdissant le tribut humain et matériel de sa chute. Pour l’Algérie, le danger réside dans une confiance aveugle en des alliances conjoncturelles et dans une économie fondée presque exclusivement sur les hydrocarbures. Comme la Syrie avant elle, l’Algérie pourrait se retrouver marginalisée sur la scène internationale si ses choix stratégiques et économiques s’avèrent incapables de répondre aux exigences d’un monde en mutation, plus réaliste et plus pragmatique.


La chute de Bachar al-Assad est donc un avertissement. Le régime algérien devrait, pour éviter un destin similaire, réviser ses fondements politiques, se libérer de la dépendance aux rentes, restaurer le lien de confiance avec sa population et cesser la guerre silencieuse qu’elle mène depuis 1975 contre le Maroc. Les secousses contemporaines offrent à ceux qui savent les saisir une sagesse précieuse. Si l’Algérie persiste dans sa voie actuelle, elle risque, tôt ou tard de suivre l’exemple syrien, sombrant dans un chaos aux conséquences inattendues.

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