LES IDRISSIDES AU MAROC
Les Idrissides sont les fondateurs de la première dynastie au Maroc. Dès la proclamation de leur premier imam, Idrîs Ier, en 789, ils frappent des dirhams d’argent et occasionnellement des fels de cuivre.
Idrissides, ‘Alî 1er (836-849 J.-C.), dirham frappé à al-‘Aliya en 840, argent. | |
Idrîs II (803-828) succède à son père. Un État organisé voit alors le jour. Il est doté d’une nouvelle capitale, Fès. L’exploitation minière connaît un grand essor et les ateliers de frappe se multiplient. Pour les besoins du commerce international, les Idrissides émettent des dirhams conformes en poids et en titre au dirham de Baghdad, mais en y gravant le nom de 'Alî, marquant ainsi leur opposition aux ‘Abbassides.
Hammudides,‘Alî ibn Hammûd dirham frappé à Sabta, 1009-1018 J.-C., argent. | |
A la mort d’Idrîss II, ses dix fils se partagent le royaume. Dressés les uns contre les autres, ils s’épuisent dans des luttes stériles avant de disparaître de la scène politique vers 985.
LE MAROC ENTRE FATIMIDES ET OMEYYADES
Sous les derniers Idrissides, le Maroc devient l’enjeu d’une âpre lutte entre l’Orient et l’Occident, par tribus interposées.
A l’Est, les Fatimides tentent d’exercer leur domination en investissant Fès où ils frappent monnaie. En 958, ils s’emparent du port saharien, Sijilmassa, et y frappent des dinars au nom de leur calife.
Midrarides, ach-Châkir lillah, dinar frappé à Sijilmâssa en 945, or. | |
Au Nord, les Omeyyades andalous, cherchant à maintenir leur contrôle sur la route de l’or, s’efforcent d’étendre leur hégémonie à l’ensemble du pays.
La victoire finale revient aux Omeyyades, dont le monnayage s’illustre par des dinars et des dirhams issus des ateliers de Fès et de Nokour.
Maghrawa, Mas‘ûd ibn Wânûdîn, dinar frappé à Sijilmassa, 1049 - 1054 J.-C., or. | |
LES ALMORAVIDES EN AFRIQUE DU NORD ET EN ANDALOUSIE
Au XIème siècle, les Almoravides édifient en Occident musulman un vaste empire qui s’étend du fleuve Sénégal à l’Ebre et de l’Atlantique à Alger. Leur puissance économique repose sur le commerce de l’or, essentiellement en provenance des mines Galam-Bambouk-Bouré, et sur les ressources en argent du sud marocain et d’al-Andalous.
Les dinars almoravides sont largement diffusés sur tout le pourtour du bassin méditerranéen, où ils sont connus sous le nom de « marabotins ». Longtemps après la chute des Almoravides, l’Espagne catholique continuera à frapper ces dinars avec des légendes arabes.
Yahyâ ibn ‘Umar, dinar frappé à Sijilmassa, 1053-1056 J.-C., or. | |
Yûsuf ibn Tâshfîn, dinar frappé à Aghmât en 1104, or. | |
LA GRANDEUR DE L'OCCIDENT MUSULMAN SOUS LES ALMOHADES
À l’opposé des Almoravides qui ont laissé circuler d’autres monnaies dans les territoires conquis, le premier souverain almohade, 'Abd el-Moumin ibn 'Ali (1130-1163), n’autorise que la circulation de la sienne. Cette unification monétaire facilite la perception des impôts et le paiement des soldes de l’armée.
Le monnayage almohade est constitué de dirhams carrés et de demi-dinars ronds.
‘Abd al-Mu’min ibn ‘Alî, ½ dinar frappé à Séville, 1130-1163 J.-C., or | |
‘Abd al-Mu’min Ibn ‘Alî, dirham, 1130-1163 J.-C., argent. | |
LES ALMORAVIDES EN AFRIQUE DU NORD ET EN ANDALOUSIE
Les Mérinides n’émettent de monnaies qu’à partir du règne d’Abû Bakr ben ‘Abd el-Haqq au XIIIème siècle. Son successeur, le sultan Abû Yûsuf Yâqoub, réactive en 1275 l’atelier monétaire de Fès où il fait frapper, à l’exemple de la dobla almohade, des dinars complets (soit 4,70 g) et des qirats d’argent.
Au début du XIVème siècle, les ateliers de frappe se multiplient et produisent une grande variété d’émissions d’or, reflétant d’une part une volonté de décentralisation de la frappe monétaire, mais aussi une situation prospère du Trésor. Cette situation subsistera jusqu’à 1465, date de l’avènement des Wattassides.
La situation monétaire du pays ne changera pas ; toutefois, le monnayage de la nouvelle dynastie se limitera essentiellement à des frappes de qirats d’argent de mauvaise facture.
Abû al-‘Ulâ Idrîss (1229-1212 J.-C.), dinar en or |
LE MONNAYAGE DES SAÂDIENS
Au XVIème siècle, c’est autour des familles de souche arabe et descendantes du Prophète - Saâdiens puis Alaouites - que s’unifie le Maroc, dont la production monétaire est périodiquement abondante.
Par leurs succès contre les Portugais, les Saâdiens (1545-1659) parviennent à rassembler sous leur autorité les forces dispersées de la Nation. Grâce à l’or du Soudan, ils sont riches et puissants. Marrakech est alors un grand centre culturel. Mais la fortune détruit aussi leur vigueur. Leur autorité décline rapidement face à des puissances locales, comme les Moriscos de Tétouan et Salé, qui favorisent le développement de la piraterie maritime dans ces villes-États.
‘Abd Allah al-Wâthiq, double dinar, frappé à Marrakech en 1604, or. | |
Zaydân an-Nâsir, mithqâl, frappé à Marrakech en 1607, argent. | |
LES ALAOUITES
C’est la dynastie chérifienne Alaouite qui, dès 1640, prend en main les destinées du Maroc. Moulay ar-Rachid jette les fondements du nouvel État Alaouite en 1664, et crée une monnaie d’argent appelée mouzouna ou blanquille et des fels en cuivre qui permettent de relancer le commerce régional.
Sous Moulay Ismaîl (1672-1727), l’or, qui n’était plus monnayé depuis les derniers Saâdiens, réapparaît à la faveur de l’émission d’un nouveau dinar, le bunduqi. Le dirham légal est par ailleurs instauré ainsi que son décuple, le mithqal. Mais la population préfère les épargner. Découragé, Sidi Mohamed ben ‘Abd Allah se contente de frapper des dirhams sur toute l’étendue du royaume.
Moulay Slimane (1792-1822), bunduqî en or, frappé à Fès en 1794. | |
MODERNISATION DE LA MONNAIE MAROCAINE
A la fin du XIXème siècle, le Maroc se développe sous l’impulsion du sultan Moulay el-Hassan Ier. Celui-ci restaure l’autorité de l’État et insuffle un nouvel élan économique en le dotant d’une monnaie stable. Il crée le rial hassani en argent. Ses émissions sont réalisées à Paris, Londres et Berlin.
Outre la mise en circulation des pièces d’argent, Moulay el-Hassan fait également frapper à Fès, au moyen d’un balancier acquis à Strasbourg, des pièces de bronze d’un type nouveau, de 1, 2, 5 et 10 mouzouna.
Cette politique monétaire est poursuivie par ses successeurs, jusqu’à son retrait définitif en 1919.
My al-Hassan Ier(1873-1894), 5 mithqâls, essai réalisé à Paris en 1879, argent. | |
LE RIAL MAKHZANI
Au lendemain d’une crise financière et monétaire, le Maroc sollicite l’aide financière étrangère. Une conférence internationale est alors organisée à Algésiras et aboutit à la création de la Banque d’État du Maroc. Cette dernière a pour missions principales l’assainissement de la situation monétaire au Maroc et l’émission de la monnaie.
Le 2 décembre 1911, les premiers billets d’une valeur de 20 rials sont mis en circulation.
4 RIALS MAKHZANI ARGENT, type 1917, impression française, mis en circulation le 31-2-1917, Dim. : 164 x 95 mm.
LES BILLETS EN FRANC MAROCAIN
En 1914, la raréfaction de l’argent métal et l’envolée du cours hassani débouchent sur une crise monétaire aiguë, qui se prolonge jusqu’à la fin de la Première guerre mondiale, provoquant la démonétisation du hassani et la création du franc.
Les billets en franc marocain de la Banque d’État commencent à circuler à partir du 15 novembre 1920. Il s’agit de coupures de 5, 20, 50 et 100 francs. Ceux de 10 et 1000 francs sont émis en 1921, et ceux de 500 en 1922. A partir de cette date, les billets français et algériens cessent d’avoir cours légal au Maroc. Le franc marocain évolue désormais à l’intérieur de la zone franc, jusqu’au décrochage opéré le 28 décembre 1958 par le gouvernement du Maroc indépendant.
5 francs, en date du 14-11-41, impression française, sans mention « PAYABLE A VUE ET AU PORTEUR ».
LES BILLETS EN DIRHAM
Après l’Indépendance, la reprise du privilège d’émission par l’État est dévolue à un institut national, la Banque du Maroc, qui voit le jour le 1er juillet 1959. La même année, une nouvelle monnaie, le dirham, est adoptée. Une série de billets de 5 et de 10 dirhams est émise.
En 1965, le billet de 50 dirhams à l’effigie du Feu Sa Majesté Hassan II est émis, suivi d’une nouvelle série de pièces de 5 dirhams, 1 dirham, 50, 20, 10, 5 et 1 centimes.
La fabrication de ces billets et la frappe de ces pièces sont assurées par des établissements internationaux de réputation mondiale jusqu’en 1987, date de la création de l’Hôtel des monnaies, Dar As-Sikkah.
10 dirhams, type 1960. Format : 150 x 80 mm. Couleurs : multicolore
10 dirhams, type 1970. Impression : Thomas de la Rue and Company. Format : 145 x 72,5 mm. Couleurs : marron – rouge
10 dirhams, type 1987. Format : 143 x 70 mm. Couleur dominante rouge
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