
Abdelaati Iguider, considéré comme l’héritier marocain le plus talentueux du grand Hicham El Guerrouj, a souvent souffert de la comparaison avec son illustre prédécesseur. Mais qu’est-ce qui continue de motiver Abdelaati Iguider ? Certainement la passion, mais surtout la volonté de rattraper le temps perdu. À l’époque, Iguider était connu comme un espoir éternel: «Quand je suis arrivé aux Jeux olympiques de 2012, tous ces moments manqués de consécration étaient gravés dans ma mémoire. J’avais certes quelques accomplissements notables à mon actif : un titre de champion du monde junior en 2004, un autre en salle en mars 2012, mais je rêvais encore de monter sur le podium olympique.» La pression était énorme sur notre miler, compte tenu des résultats décevants de la délégation marocaine: «Chaque élimination de nos athlètes alourdissait le fardeau de responsabilité sur mes épaules.» Les souvenirs de la finale du 1500 mètres à Londres sont encore vifs dans la mémoire d’Iguider : «Je n’ai jamais oublié d’où je venais, ni les sacrifices consentis par ma mère. J’ai vécu la solitude de l’Institut national d’Athlétisme à Rabat, loin des miens. Je suis originaire de Ouarzazate, d’un milieu très modeste. J’ai connu la gloire et l’argent assez jeune, et j’ai eu le phénomène de la grosse tête.
Londres représentait ma dernière chance. Abdelaati se devait de respecter les consignes de son coach de l’époque, Abdelkader Kada, un homme qu’il admirait énormément: «Il avait été l’entraîneur d’El Guerrouj pendant ses heures de gloire. Il m’avait demandé de suivre une tactique précise, de gérer mes efforts et de rester près de l’Algérien Mekhloufi.» Sans hésiter, Iguider emboîta le pas du favori numéro un, isolant ainsi ses rivaux kenyans qui semblaient trop confiants. Cette stratégie de course lui permit de décrocher une magnifique médaille de bronze, «un précieux trésor qui consacrait des heures de sueur et de larmes.» Abdelaati faisait désormais partie de l’élite des milers marocains, jouissant d’une réputation universellement reconnue. Il savait qu’il devait beaucoup à sa médaille remportée aux Jeux olympiques de Londres: «J’ai conquis le cœur de mes compatriotes. Ils sont toujours là pour m’encourager à chaque course. Je cours pour le drapeau, mais aussi pour toutes ces personnes qui veillent sur moi et suivent mes performances avec passion.».
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